Censure et propagande

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Tous les courriers doivent passer par la censure, ce qui augmente les délais d'acheminement.
Il est donc nécessaire de faire attention à ce que l'on écrit si on ne veut pas, au mieux, que sa lettre soit censurée (les mots sont rayés au feutre noir), au pire détruite.

Voici un exemple de courrier de prisonnier censuré (écrit par Henri LAGERSIE le 4 juillet 1916, communiqué par Jacques MESSIANT)

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La phrase je travaille toujours dans les... est censurée. Il travaille alors simplement dans des champs à Schadeleben.
Difficile dans ces conditions de raconter son quotidien à sa femme, à sa mère, ou à tout autre correspondant.

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Un courrier passé par la censure porte le tampon "Geprüft" (vérifié).

Certains essayent de déjouer la censure comme Marcel RIEGEL et son camarade Florent AUFSCHNEIFER. Ces derniers décident d'alerter le frère de Florent, sur le fait qu'ils mangent très mal.
"Nous avons écrit mon camarade et moi une lettre ordinaire relatant notre santé et notre vie au camp sans faire aucune allusion à notre nourriture. Notre carte terminée, nous avons fait des points sous certaines lettres qui toutes réunies ensemble formaient la phrase suivante : "Nous mangeons comme des cochons, les pommes de terre avec les épluchures"¹." La censure a découvert le code et nos deux compères furent condamné au poteau.

Certains prisonniers ont réussi à envoyer et recevoir des lettres ou des cartes sans qu'elles passent par les autorités
C'est le cas par exemple de ces lettres d'amour d'une jeune allemande adressée au prisonnier français Vital VERNET (relation strictement interdite à l'époque).
On ignore comment fonctionnait ce réseau parallèle (gardien conciliant, infirmière, civils rencontrés lors de certains travaux...).

Propagande

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Les prisonniers n'ont à leur disposition que des journaux du type "la Gazette des Ardennes". Ce journal rédigé en français est en fait un journal écrit par les allemands.
Il est donc utilisé comme outil de propagande car, en résumé, on n'y trouve que des faits de guerre en faveur de l'Allemagne.
Cela contribue bien sûr à démoraliser les prisonniers et à ne pas les encourager à s'évader par exemple.

Pour toucher les populations hors du camp, et notamment les familles de prisonniers, les autorités allemandes ont aussi recours à des photographies.

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Cette photo en est un bon exemple.
Les prisonniers sont très bien habillés. Or, durant les fouilles, les vêtements ou chaussures trouvés ont été maintes fois rapiécés.

On peut donc supposer que les prisonniers sur cette photo se sont habillés d'habits neufs pour l'occasion.





Les photos ci-dessous posent également question. On image mal en effet les autorités allemandes autoriser des prisonniers à aller faire une partie de pêche.

S'agit-il de photos prises au moment d'une pause accordée par une sentinelle généreuse ou de mises en scène ?

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Sources

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Carte postale: archives personnelles.

Photos d'époque (sauf mention contraire): Hôtel de ville de Quedlinburg.

Photos IV/4: archives personnelles.

¹ Extrait des souvenirs de guerre de Marcel RIEGEL.