La mort

séparation décès à Quedlinburg

La mort... Elle pourrait sembler bien loin de pouvoir frapper dans un camp de prisonniers. On pourrait croire ces derniers loin de tout danger... et pourtant! La grande faucheuse a fait des ravages dans les camps. Le typhus, la dysenterie ont beaucoup frappé.

"O Parents chéris, soeur bien aimée, c'est pour vous un martyre bien dur de me voir mourir si loin de vous sur une terre étrangère, après avoir nourri l'espérance de me revoir. Consolez-vous à la pensée que je meurs victime de la plus noble et de la plus sainte des causes, et qu'il y a dans le ciel un Dieu bon et juste qui saura récompenser tant de souffrances chrétiennement supportées. Que mon souvenir reste perpétuellement gravé dans vos coeurs! "Ma dernière pensée a été pour vous. Au revoir dans le Ciel ¹!""

On considère que 59 000 français sont morts en captivité (soit 10% des prisonniers de cette nationalité) et que 20 000 corps ont été rapatriés en France.

Le lieu où viennent mourir les hommes est bien sûr le lazaret. On en trouve deux exemples dans le Tuyau: le dernier baiser d'un moribond et feuilles d'automne.

On sait qu'à la mi-novembre 1915, le petit cimetière contenait 118 tombes.

décès à Quedlinburg


Lors de la visite des délégués espagnols en janvier 1917, le nombre de morts s'élève à 144 (86 russes et 58 français) selon le rapport mais à 187 selon les archives. Il y a donc eu, en un an 26 morts dans le camp de Quedlinburg selon le rapport et 69 selon les archives!




Les morts étaient enterrés au cimetière central de Quedlinburg.

Un monument aux prisonniers défunts y a été inauguré le 30 juin 1918. Ce monument a été créé par un sculpteur français: Eugène Clément Seigneur et sculpté par Eugène Charles Poirier, aidés par le maçon Léon Jean Théophile Courty.

Il a pu être réalisé grâce à une collecte spécifique. Le souvenir des morts était très important pour les prisonniers.
On peut donc lire sur le fronton du monument "A ceux qui ne reverront plus leurs patrie". D'après un témoignage de prisonniers, cette phrase aurait été chosie par Louis Calvet.

L'inauguration a eu lieu en présence des autorités du camp mais aussi des notables de la ville.

Monument aux morts des prisonniers de Quedlinburg Monument aux morts des prisonniers de Quedlinburg Monument aux morts des prisonniers de Quedlinburg












Monument aux morts des prisonniers de Quedlinburg Orchestre pour les prisonniers morts à Quedlinburg



L'orchestre et la chorale du camp ont également rendu hommage à leurs camarades défunts.





Aujourd'hui, le monument existe toujours. 444 noms y sont gravés: 228 anglais, italiens, français, belges et 216 russes. Il s'agit des noms de prisonniers décédés.

Les tombes ont quant à elles presque toutes disparues. On sait que les corps des ressortissants français ont été rapatriés. La plupart sont inhumés dans la Nécropole Nationale de Sarrebourg (Moselle). Certains, ont été redonnés aux familles comme le prouve l'acte d'exhumation de Théophile RADIN (l'acte à l'origine de ces recherches).

On suppose que certains corps, comme ceux des prisonniers russes, sont encore enterrés ici. Malheureusement, nous ne savons pas où.

Il reste toutefois certaines tombes et notamment une stèle italienne à la mémoire des prisonniers italiens morts dans le camp.

Monument aux morts des prisonniers de QuedlinburgMonument aux morts des prisonniers de QuedlinburgTombe d'un italien












Il faut savoir que le camp de prisonniers n'a été détruit que le 30 juin 1922. En effet, les russes, ayant changé de gouvernement (révolution d'octobre), ne savaient pas où aller. Le camp de prisonniers est donc devenu un camp de réfugiés.

Les archives nous renseignent donc sur les prisonniers défunts jusqu'en 1920 (28 septembre exactement). Il y a eu un total de 703 morts au camp dont, 412 russes, 144 français, 101 anglais, 32 italiens et 14 civils.

Sources

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Photos d'époque: Hôtel de ville de Quedlinburg.

Photos couleur: Davye GERBAUD.

¹ Extrait d'une lettre de Henri BADARD, mort à Halbestadt.