Le Comité de Secours

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Un Comité de Secours est mis en place dans le camp par les prisonniers français le 22 août 1915.

"Le "Tuyau" a le plaisir d'informer ses lecteurs de la constitution d'un société de bienfaisance qui portera le titre de Comité de secours des Prisonniers Français nécessiteux du Camp de Quedlinburg (en abrégé C.F.Q.).
Ce Comité formé avec l'autorisation des autorités allemandes a été constitué afin d'éviter des abus provenant des demandes individuelles qui parvenaient de la part de prisonniers trop peu scrupuleux à plusieurs sociétés et ce, au détriment de camarades moins favorisés.
Les articles suivant ont été élaborés.
Art 1. Un comité de secours est formé au Camp de Quedlinburg sous le titre de "Comité de Secours des prisonniers français nécessiteux du Camp"
Art 2. Le Comité est chargé
A. de correspondre avec les sociétés de secours et personnes donatrices, les lettres étant comme à l'ordinaire acheminées par l'intermédiaire des autorités allemandes.
B. de provoquer des envois de secours et dons de toutes sortes.
C. d'accepter ou décliner les secours, dons ou propositions de secours ou dons, ou aides qui pourront être faits.
D. de répartir les secours ou dons de manière aussi équitable que possible entre les prisonniers français nécessiteux du camp, en observant néanmoins les désirs exprimés par les donateurs.
E. et en général à faire le nécessaire pour tout ce qui concerne les secours aux prisonniers français.
Art 3. Le C.F.Q. est composé exclusivement de prisonniers français, chacune des compagnies est représentée au Comité par deux personnes jouissant de la confiance de leurs camarades.
Art 4. Les décisions du Comité qui doivent être adoptées par les trois quarts au moins des membres sont sans appel. Art 5. Le C.F.Q. désigne un Président et deux secrétaires qui seront chargés des rapports avec les autorités allemandes, du travail administratif et de la correspondance. Le Président et les secrétaires sont élus pour 3 mois et rééligibles.
Art 6. Les nécessiteux secourus en linge et effets d'habillements seront tenus de présenter ceux-ci à toute réquisition de leur chef de Baraque ou d'un membre du comité¹."

Il est à noter que ce Comité de Secours ne concerne que les prisonniers français.

En novembre 1915, le camp de Quedlinburg "compte 400 nécessiteux français. Beaucoup d'autres travaillent en dehors et sont employés "aux Arbeits Kommandos". Le Comité de Secours n'a pas encore été autorisé à faire des envois à ces travailleurs du dehors. Mais on se préoccupe de constituer un stock de vêtements qui permettra, dès leur retour au camp, de remplacer leurs effets usés par des effets meilleurs, sans qu'ils aient à prélever, pour cela, quoi que ce soit sur le modeste pécule gagné par leur travail²."

Les membres du Comité de Secours

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Lors de sa constitution, les membres du Comité sont :
- représentants le camp n°1 : Paul CARON et Henri JACOB
- représentants le camp n°2 : Henri RANSON et Marcel GRANJON
- représentants le camp n°3 : Emile PAYELLE et Simon
- représentants le camp n°4 : Louis LOURDEL et Gaucher
- représentants le camp n°5 : Martiniglio et Jean LHOMME
- représentants le camp n°6 : Bouchez et Emile IGOUT
- représentants le camp n°7 : Edouard RUST et Auguste ULLMANN.

Les Secours organisés depuis la France

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Parallèlement, la Croix-Rouge notamment organise l'envoi de secours depuis la France. C'est le comité du Forez qui est chargé de l'envoi des secours collectifs au camp de Quedlinburg. Le détail des envois est donné par "les oeuvres de guerre / Syndicat d'initiative du Forez".

1°. - Envoi de pain et de biscuits antérieurement à l'interdiction de ces envois: 11.923 colis de 5 kilos chacun.
Poids : 56.600 kilos. Valeur : 26.800 fr.

2°. - 5 novembre 1915, un wagon contenant notamment :
200 chemises, 200 caleçons, 114 tricots, 94 gilets de flanelle, 410 paires de chaussettes, 107 paires de galoches, 300 boites de conserves, 500 boites de sardines, 50 kilos de sucre, 60 kilos de fromage de gruyère, 17 caisses de pâtes sèches, 70 kilos de riz, 38 caisses de biscuits.
Poids : 5.677 kilos. Valeur : 4.928 fr.

3°. - 18 décembre 1915. un wagon contenant :
30 caisses de biscuits, 50 caisses de conserves, 6 caisses de confiture, 4 caisses de lait condensé, 3 caisses de savon, 3 caisses de livres, 220 paires de chaussons, 125 paires de caleçons, 131 chemises, 88 tricots, 384 paires de chaussettes.
Poids : 5.077 kilog. Valeur : 7.134 fr,50.

4°. - 28 janvier 1916, un wagon contenant :
5 caisses noix de jambon. 8 caisses pâtés de foie, 2 caisses de lard, 6 caisses de pâtes alimentaires, 6 caisses de sardines l caisse de morue, 2 caisses de chocolat, 1 caisse de chaussons cuir, 2 caisses de livres.
Poids : 13529 kilos. Valeur : 3.193 fr,60.

5°. - 3 avril 1916, un wagon contenant :
71 caisses de conserves, 20 caisses de figues, 8 caisses de chocolat 36 caisses colis de pain. 1.375 kilos de biscuits
Poids: 4.346 kilos. Valeur : 8.502 fr. 05.

6°. - 20 mai 1916, un wagon contenant:
21 cuisses de boeuf nature, 26 caisses de pâtés de foie, 4 caisses de savon, 20 caisses de figues, 10 caisses de sardines, 4 caisses de chocolat, 10 caisses de conserves de porc. 6 caisses de produits pour boisson, 81 colis de pain, 3.791 kilos de biscuits. Poids: 7.821 kilos. Valeur : 8.572 fr.

7°.- 1er décembre 1916, un wagon contenant:
30 caisses de pâtés de foie, 20 caisses de noix de jambon, 2 caisses de "cassoulet", 3 caisses de chocolat, 53 caisses de sardines, 1 caisse de boisson hygiénique, 8 caisses de savon, 8 caisses de figues, 2 caisses de tabac, 114 kilos de riz, 1 caisse de livres, 600 paires de chaussettes, 120 paires de chaussons, 60 chemises, 60 caleçons, 150 capotes, 250 képis.
Poids: 5.457 kilos. Valeur: 14.450 fr. 35.

8°. - 20 mars 1917. (Le manque provisoire de ressources avait occasionné un ralentissement dans nos envois). Un wagon contenant :
10 caisses noix de jambon, 10 caisses de chocolat, 35 caisses de sardines, 26 caisses de pâtés de foie, 2 caisses de thé, 8 caisses de conserves diverses, 8 caisses de fignes, 400 kilos de châtaignes blanches, 300 kilos de riz, 3 caisses de saucissons, 10 caisses de savon, 1 caisse de cacao, 60 kilos de sucre 20 kilos de pâtes alimentaires, 320 kilos de farine alimentaires, 1 caisse boisson hygiénique, 1 caisse de tabac, 5 ballots de chemises, caleçons, chaussettes.
Poids : 5.630 kilos. Valeur : 17.525 francs.

9°. - 6 juin 1917, un wagon contenant:
10 caisses de saucissons, 4 caisses de lard maigre, 1.000 kilos de riz glacé, 1.000 kilos de châtaignes blanches. 280 kilos de semoule. 2 caisses de farine de pois, 5 caisses de pâtes alimentaires, 18 caisses de déjeuneur au cacao. 6 caisses de boisson hygiénique, 2 ballots d'espadrilles, 5 ballots de vêtements.
Poids : 5.736 kilos. Valeur : 10.822 fr. 65.

10°. - 4 août 1917. un wagon contenant:
20 caisses de saucisson. 17 caisses de lait condensé, 10 caisses de lard ,100 caisses de boeuf, 5.000 kilos de riz. 2 ballots de galoches. 2 caisses de livres.
Poids: 12.700 kilos. Valeur: 34.225 fr.

11°. - 19 octobre 1917, un wagon contenant :
2 caisses de lard, 45 caisses de boeuf, 50 caisses de sardines, 8 caisses de harengs fumés. 3.000 kilos de haricots, 300 paires de chaussettes, 150 chemises, 150 caleçons. 131 gilets, 3 caisses de livres.
Poids : 6.743 kilos. Valeur : 19.685 fr. 60.

12°. - 12 novembre 1917, un wagon contenant:
4 caisses de lard, 25 caisses de sardines, 10 caisses de confitures. 12 comprimés pour bouillon, 3.050 kilos de riz, 2.050 kilos de pois cassés.
Poids: 7.711. Valeur: 15.350 fr.

13°. - 18 janvier 1918, un wagon contenant:
1.334 kilos de lard, 50 caisses de boeuf; 10 caisses de sardines. 7.020 kilos de châtaignes blanches. 1 ballot de chemises.
Poids: 9.368 kilos. Valeur: 21.685 fr.

14°. - 23 mars 1918. deux wagons contenant :
165 kilos de saindoux, 39 caisses de conserve de boeuf. 8 caisses d'autres conserves, 13 caisses de compote de pomme. 39 caisses de lait condensé, 10 caisses de lard, 8 caisses de savon, 2.400 kilos de riz, 13 caisses de sardines, 1 caisse de thé, 2 ballots de galoches, 3 ballots de capotes.
Poids: 8.486 kilos Valeur : 25.600 fr.

15°. - 11 juin 1918, un wagon contenant:
4 800 kilos de riz, 1.125 kilos de lard, 40 caisses de conserves, 50 caisses de lait condensé, 2 caisses de savon.
Poids: 8.332 kilos. Valeur: 21.822 fr.

16°. - 22 août 1918, un wagon contenant:
15 caisses de lard, 50 caisses de sardines, 4 caisses de savon. 4 caisses de saucissons, 4 caisses de boeuf, 30 caisses de lait condensé, 45 caisses pâtes alimentaires, 2.000 kilos de riz, 300 kilos de châtaignes.
Poids : 7.782 kilos. Valeur : 26.676.

Total des secours collectifs envoyés à Quedlinburg:
160.795 kilos Valeur : 273.171 fr. 75.

Liaison entre le camp et la France

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Le Comité de Secours du camp communique avec l'extérieur en se servant notamment des prisonniers rapatriés en Suisse (pour raisons médicales, en général) "Par des prisonniers arrivés depuis peu de temps en Suisse les prisonniers restés en captivité au camp de Quedlinburg ont fait connaître que le manque de médicaments s'y faisait sentir de façon très pénible. Nous prions les oeuvres qui pourraient disposer de médicaments de les faire parvenir au Président du Comité de Secours de ce camp³."

Le syndicat du Forez adresse les colis à :
- Marcel GRANJON, jusqu'à son transfert dans un camp de représaille,
- l'adjudant CARON,
- Emile Nérot, jusqu'en mai 1918
- et M.Calvet.

Les "oeuvres de guerre / Syndicat d'initiative du Forez" précisent :
"Nous savons par de nombreux prisonniers rapatriés que la plus stricte équité a présidé aux distributions et, au surplus, ces messieurs nous envoyaient de longues et minutieuses listes d'émargement où étaient notés objet par objet, boîte par boite les secours remis à chacun. Nous avons eu aussi la satisfaction de savoir que nos envois étaient les bienvenus et que leur composition en était hautement appréciée."

Lors de sa présidence Emile Nérot a d'ailleurs écrit plusieurs lettres au comité du Forez pour le remercier des envois. Il précise même, le 1er novembre 1917 qu'un "colis de première catégorie contenant 708 gr. de lard, 1.500 gr. de riz, ,300 gr. de châtaignes, 1.000 gr. de conserve de viande peut fournir 15 bons repas."

Caisse de Secours Internationale

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Afin d'aider également les prisonniers d'autres nationalités une caisse de secours voit aussi le jour le 22 août 1915.

Cette caisse comprend un français et un russe par camp, deux anglais et deux belges, au total 16 membres. Elle est gérée par un comité d'administration comprenant un Président (français) et 2 contrôleurs (1 russe et 1 anglais). Ce sont MMrs Caron, Krasting et Cady.
La caisse sera sous le contrôle des autorités allemandes, elle aura à sa disposition comme ressources
A. Les dons des Comités aux prisonniers
B. Remise volontaire de fractions ou parties de mandats
C. La moitié au moins de la recette des concerts, représentations théâtrales et autres spectacles. La somme à répartir aux nécessiteux sera établie selon la situation de la caisse et la situation personnelle de chaque prisonnier.
Le Président ou les contrôleurs vérifieront la recette de chaque spectacle. Les fonds seront conservés par les autorités allemandes.
A la liquidation les sommes en caisse seront distribuées à tous les nécessiteux4.

Comité central de l'Oeuvre d'Assistance aux Prisonniers Belges en Allemagne

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Les Belges aussi s'organisent pour venir en aide à leurs compatriotes captifs.

"De 200 prisonniers qui s'y trouvaient en octobre 1917, ce nombre est tombé à 118 à l'armistice. La section belge était représentée au sein du comité de secours français par :
Président : M. Victorien Malaboeuf, sergent-major au 1er de ligne, qui s'occupait de la comptabilité, de la correspondance et de la répartition des secours.
Secrétaire : M. Yvon Verwilst, ingénieur civil des mines (distribution au camp, visite des colis).
M. Albert Schlag, du 13e de ligne, remplissait les fonctions de magasinier depuis le début de 1918 ; il s'occupait en même temps de la répartition des vivres aux prisonniers belges envoyés dans les kommandos. Des colis collectifs ont été envoyés par nos sections de Maestricht et de Paris et par nos magasins du Havre. L'importance des envois mensuels, qui était de 500 francs environ au début de 1918, atteignait plus de 2.000 francs en novembre.
100 paires de chaussettes, 50 chemises, 60 capotes, 60 vestes, 60 pantalons, 60 képis, 190 caleçons, 190 gilets, 40 paires de chaussettes, 60 paires de molletières et 110 tenues complètes ont été adressés.
Les marchandises qui restaient en magasin lors de l'évacuation du camp (qui s'est opérée graduellement et dans de bonnes conditions vers l'armée d'occupation) ont été réparties entre tous nos compatriotes afin de leur permettre de subvenir à leurs besoins pendant le voyage de retour.
275 kilos de haricots secs, 25 kilos de nouilles, 60 kilos de riz et des boîtes de lait condensé, qui ne pouvaient être emportés, ont été remis au comité de secours français5."

Sources

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¹ Extrait du "Tuyau" n°7, p. 1 (26 août 1915).

² Extrait du "Bulletin de l'Office d'Information des Oeuvres de Secours aux prisonniers de Guerre", n°18, 8 novembre 1915.

³ Extrait du "Bulletin de l'Office d'Information des Oeuvres de Secours aux prisonniers de Guerre", n°117, 17 novembre 1917.

4 Extrait du "Tuyau" n°7, p. 2 (26 août 1915).

6 Extrait de "Office Central Belge pour les Prisonniers de Guerre", septembre 1917-mars 1924.