Les relations entre prisonniers

Le Tuyau nous permet de mieux comprendre, par certains articles, comment se vivait la captivité et les problèmes qu'elle engendre. Qui faisait la cuisine?
"Ah ! Elles sont bien drôles nos petites familles et comme elles ressemblent peu à celles que nous avons là-bas en France. Elles sont généralement à deux ou trois personnes, rarement à quatre. Dans chacune il y a la femme. On choisit pour cela la plupart du temps un camarade débrouillard et débarré, qui s’entend à merveille à allumer du feu, à ouvrir les boîtes de conserves, à faire du bon café, de bonne soupe, qui excelle grâce à son audace, à obtenir du (censure), qui connaît les bons endroits, qui sait ou trouver du bois, du sel, de l’huile, en un mot c’est un "Démerdard"; il sait aussi ne jamais aller en corvée et grâce à lui le dîner est prêt, la cuisine est bonne. C'est lui qui s'occupe des colis, il sait ce qu'il manque et ce qu'il y a de trop, ce qui est bon et ce qui est mauvais. C'est le ministre de l'intérieur. Les autres camarades ce sont les maris, ils ne s'occupent de rien; quand ils arrivent du travail, c'est pour se mettre à table et dire si tout est à leur goût, puis ils mangent tout leur saoul et après cela ils allument un cigare en laissant à Madame le soin de leur servir un délicieux moka¹."
Des relations d'amitié sont nées en captivité comme celle entre Marcel RIEGEL, Florent AUFSCHNEIFER et Louis PALPIED. "Palpied, Aufschneider et moi avons choisi un coin au fond de la baraque du côté opposé à la porte d'entrée où nous y serons très bien. À partir de ce moment, nous décidons tous les trois de coucher ensemble ainsi que de faire une communauté de tous nos paquets pour vivre comme trois frères partageant ensemble nos joies et nos misères quand les unes ou les autres arrivaient²."